Quelle est la vente de nom de domaine en .FR la plus chère de l’année ? Quel est le prix moyen d’un rachat de nom de domaine ? Qui rachète quoi ? Pour quels usages ?
SOLIDNAMES a étudié plusieurs dizaines de transactions publiques réalisées en 2020 au sein de la plateforme Sedo pour répondre à ces questions.
Ces achats ventes de noms de domaine en .FR permettent de dégager des tendances du second marché. Solidnames a aussi analysé ces ventes de noms de domaine en .FR plusieurs mois après la date de rachat. Ainsi, les nouveaux titulaires et les usages associés sont désormais connus.
Nom de domaine en .FR le plus cher
La plus importante vente de nom de domaine en .FR chez SEDO a concerné chauffage.fr. Ce nom de domaine s’est vendu 62 500 euros en janvier 2020. Les coordonnées whois sont en accès restreint en raison du type de propriétaire. En effet, un titulaire de nom de domaine en tant que particulier voit ses coordonnées en accès restreint sur le whois de l’AFNIC.
A l’heure actuelle, le nom de domaine est inexploité. Plus précisément, il affiche la page d’attente de l’hébergeur OVH.
D’après DNJournal, le montant dépensé pour l’achat du nom de domaine chauffage.fr situe la transaction au 15ième rang des ventes dans les extensions pays. Des « ccTLDs » européens voisins ont signé plusieurs ventes dépassant les six chiffres.
Comme on pouvait s’y attendre, ces transactions ont été réalisées dans deux extensions très utilisées, cf notre classement. Le .CO.UK britannique a enregistré les ventes de it.co.uk à 187 200 livres sterling et free.co.uk à 205 000 dollars. Bier.de (bière en allemand) complète le trio après un changement de main à 149 000 euros.
Il faut aussi dire que le .ES espagnol a connu une belle vente : apuestas.es (paris en espagnol) à 111 625 euros.
Nos voisins italiens qui comptent à peu près le même nombre de .IT que nos .FR ont aussi signé deux ventes conséquentes : download.it (75 000 €) et segretaria.it, soit secrétaire en italien (62 000 €).
Malgré la pandémie de COVID19, le second marché des noms de domaine a quand bien même connu plusieurs plus grosses ventes publiques comme : wise.com (2 M$), bullish.com (1,080 M$), engage.com (0,8 M$), nas.com (0,72 M$) et oa.com (554 000 €)
Prix moyen d’une vente d’un nom de domaine en .FR
En France, la vente de chauffage.fr dépasse largement les trois autres cessions de noms de domaine qui se situent entre 10 000 et 20 000 euros. D’après les spécialistes du second marché, les ventes supérieures à 10 000 euros en .FR se comptent tout de même à plusieurs dizaines en 2020. Cependant, Sedo concentre peu de transactions, cf notre paragraphe : les autres ventes de noms de domaine en .FR.
90 % des rachats de noms de domaine en .FR sur Sedo ont été réalisés à moins de 10 000 euros. 68 % des ventes de noms de domaine se font entre 2 000 et 5 000 euros. Il est à noter que Sedo ne publie pas les ventes publiques réalisées à moins de 2 000 euros.
De ce fait, le prix moyen d’un rachat de nom de domaine en .FR a été de 6 178 euros en 2020. Il faut souligner que ce prix important se base sur les 38 transactions publiques réalisées en .FR chez Sedo en 2020.
En retirant le nom de domaine le plus cher chauffage.fr, le prix moyen d’un rachat en .FR baisse à 4 656 euros.
Quel type de nom de domaine se vend ?
Les investisseurs en noms de domaine (appelés domaineurs en français) ciblent souvent des noms courts, génériques et / ou facilement mémorisables. A ce titre, le nom de domaine doit être « brandable ». C’est-à-dire que le nom de domaine pourra facilement devenir une marque.
Son futur acquéreur pourra alors la protéger en tant que tel comme titre de propriété industrielle à l’INPI par exemple en France.
Parmi les ventes de noms de domaine étudiées, les noms courts sont effectivement plébiscités. 55 % sont égaux ou inférieurs à six caractères. La longueur moyenne d’un nom de domaine racheté est de sept sur cet échantillon.
15 % des noms de domaine vendus sont des trois lettres (ex : tod.fr racheté 4 550 € par une agence web). 15 % sont des quatre lettres comme cash.fr vendu 3 000 €.
55 % des noms de domaine rachetés en .FR concernent des noms descriptifs. Il peut s’agir de termes français comme couple.fr vendu 2 449 euros. Il y a aussi des termes anglais. Prenons par exemple, les ventes de goodjob.fr (3 799 €), healthy.fr (6 000 €) ou silver.fr (2 390 €).
Plusieurs noms de domaine rassemblent ces deux qualités : court et générique. Il suffit de prendre pour exemple gin.fr (3 200 €) exploité pour un site sur la boisson alcoolisée.
D’autres rachats de noms de domaine concernent des noms qui « sonnent bien ». A cet égard, la troisième vente de l’année 2020 pour un .FR a été réalisée pour homedo.fr (17 000 €).
Qui rachète des noms de domaine en .FR ?
En mai 2020, une même société marseillaise a racheté trois noms de domaine en .FR. ambulance.fr (10 100 €), infirmieres.fr (9 000 €) et docteur.fr (8 750 €) ont été vendus au même titulaire. Ce dernier les exploite pour des sites médicaux de mise en relation.
Une grande partie des achats de noms de domaine en .FR est réalisée par des PME françaises. C’est ainsi que Tribe It Partners (cabinet de conseil aux DSI) a racheté tribe.fr contre 2 000 euros.
Parmi les ventes de noms de domaine en .FR réalisées chez Sedo en 2020, il y a peu de grandes sociétés connues du grand public. En effet, la majorité des grandes entreprises demandent à ce que la transaction ne soit pas divulguée publiquement. Enfin, il existe d’autres moyens de racheter des noms de domaine, cf notre paragraphe : Les autres ventes de noms de domaine en .FR).
Il y a aussi parmi les acheteurs de noms de domaine des institutionnels. Par exemple, l’association française de chiropraxie a fait l’acquisition de chiropraxie.fr contre 3 860 dollars. De la même manière, le comité départemental contre les maladies respiratoires de Côte d’Or a acheté pneumologie.fr 2 499 euros.
Par ailleurs, 15 % des noms de domaine étudiés présentent un particulier comme propriétaire.
34 % des noms de domaine ont été vendus à de nouveaux titulaires étrangers.
Presque la moitié des acheteurs étrangers de noms de domaine français est allemande. Il est vrai que l’étude porte sur les ventes réalisées chez Sedo, société elle-même allemande. Par exemple, la société M.A.C.’S Holding a fait l’acquisition du couple moustiquaire.fr et moustiquaires.fr au singulier et pluriel contre 6 370 euros. Une entreprise luxembourgeoise Nemalion a racheté deux noms de domaine en .FR : film.fr contre seulement 3 000 euros et brocante.fr à 2 500 euros.
Ne pas oublier de changer la propriété d’un nom de domaine racheté
Deux noms de domaine appartiennent à une société néerlandaise NetTalk. Dirigée par le domainer Ivo Van Soest, elle détient le plus grand portefeuille de noms de domaine en .FR.
Il est probable que ces noms de domaine ont été rachetés à NetTalk sans que l’acheteur ne procède au changement de titulaire ! En effet, la bijouterie du grand sud-ouest de la France Aélys a racheté le nom de domaine aelys.fr contre 7 000 € en novembre 2020. Depuis le rachat de ce nom de domaine, il l’exploite comme site internet. Cependant, à l’heure où nous écrivons ces lignes (soit presque un an après sa vente), le whois du nom de domaine indique toujours le vendeur comme titulaire.
A première vue, ne pas changer le propriétaire d’un nom de domaine racheté semble une erreur administrative rare.
Pourtant, 10 % des transactions étudiées présentent dans les whois des noms de domaine les vendeurs des noms ou bien leur bureau d’enregistrement. Ainsi, la deuxième vente de .FR la plus importante de l’année affiche (stellantis.fr vendu 18 000 € en juin) affiche le registrar Gandi comme titulaire. Dans ce cas, le nouveau groupe automobile multinational résultant de la fusion du groupe PSA et de Fiat Chrysler Automobiles a surement utilisé les services de Gandi pour racheter le nom de domaine… sans régulariser la titularité du nom de domaine dans un second temps.
Ce scénario semble se répéter pour eminente.fr racheté 2 500 euros. Si le nom de domaine est exploité par la société Rum Enterprise pour un rhum cubain, le nom appartient à Domainoo, un registrar orienté corporate.
Racheter un nom de domaine pour en faire quoi ?
En principe, le bon sens laisse penser qu’une entité qui investit plusieurs milliers d’euros dans un nom de domaine, va l’utiliser.
Dans cet esprit, monjardin.fr (2 390 €) est exploité pour un site de conseil sur les plantes, le jardin et le jardinage. C’est ainsi que sticker.fr (4 500 €) vend des impressions d’autocollants personnalisés.
Néanmoins, seulement 31 % des noms de domaine rachetés en 2020 sont désormais des sites actifs en 2021.
Il est vrai que certains sont en construction (7 %) comme ona.fr (3 000 €) futur site d’opérateur télécoms.
Il faut aussi dire que 15 % des noms de domaine vendus redirigent vers un autre site web. mef.fr (5 250 €), acronyme de Maison Edouard François, redirige vers edouardfrancois.com, un site d’architecture.
Pour prendre un autre exemple, zou.fr (2 390 €) résout vers zoou.io, un site d’assurance vélo (dont les VTT électriques).
Cela dit, plus de la moitié des noms de domaine rachetés est inutilisée un an près leur acquisition. Le site est inaccessible et affiche une page d’erreur (ex : paio.fr, 3 000 €).
Dans un quart des rachats de .FR, le nom de domaine présente la page d’attente du bureau d’enregistrement (ex : OVH, Ionos 1&1, ect…).
Les autres ventes de noms de domaine en .FR
Les rachats de noms de domaine de cette étude concernent les ventes publiques de la plateforme de vente de noms de domaine Sedo. De toute évidence, un grand nombre d’acheteurs de noms de domaine privilégie les transactions privées afin que la vente ne soit pas publique.
Rappelons que les transactions publiées par Sedo sont uniquement celles supérieurs à 2 000 euros. En ce sens, un grand nombre de rachats inférieurs à ce montant n’est pas comptabilisé.
De surcroît, l’allemand Sedo n’est pas la seule plateforme d’achat vente de noms de domaine. Il fait juste partie des leaders du marché avec Afternic et Dan. En vérité, les vendeurs de noms de domaine listent souvent leurs noms auprès de ces trois places du second marché. D’un autre côté, les ventes de noms de domaine entre domaineurs se font en grande majorité en dehors de ces plateformes.
A l’heure actuelle, ces plateformes ont cependant développé des partenariats avec d’importants bureaux d’enregistrements. Si vous effectuez une recherche de disponibilité de noms de domaine chez GoDaddy, les résultats affichent les noms libres mais aussi des noms en vente à un prix fixe chez Afternic. Après tout, Afternic appartient à GoDaddy.
Cependant, Sedo a ce même partenariat avec OVH, cf illustration ci-après pour une recherche sur lepargne.fr.
Les plateformes d’achat et de vente de noms de domaine représentent une part importante du second marché. Cependant, un grand nombre de transactions a lieu en dehors de ces places de marché de noms de domaine.
De nombreuses autres négociations de noms de domaine se font de gré à gré. Un acquéreur contacte en direct le titulaire d’un nom de domaine pour le racheter. Un potentiel acheteur peut aussi confier cette mission de rachat de nom de domaine à une société spécialisée comme SOLIDNAMES.
En cas d’accord, un tiers séquestre est souvent utilisé pour sécuriser la transaction financière. A ce titre, le plus connu est escrow.com.
Des noms de domaine expirés en .FR vendus lors d’enchères dédiées
Enfin, la vente de nom de domaine en .FR concerne un autre type de nom : les expirés. Il s’agit de nom de domaine non renouvelé par leur titulaire. En règle générale, il s’agit d’un choix du propriétaire de ne pas conserver son nom de domaine.
Parfois, il s’agit d’un oubli de renouvellement de la part de son titulaire.
Un nom de domaine anciennement actif abandonné par son propriétaire a de fortes chances d’être immédiatement redéposé.
En effet, un nom de domaine expiré compte encore souvent des liens vers son site internet (« backlinks » en anglais). Ils proviennent de domaines référents. Plus le nom expiré compte de liens entrants de qualité, plus il est convoité par les spécialistes du référencement. En matière de SEO, les liens peuvent se monétiser à des montants élevés pour améliorer l’autorité d’un site aux yeux du moteur de recherche Google.
Des plateformes spécialisées dans les noms de domaine expirés mettent ainsi aux enchères les noms non renouvelés. Les noms de domaine avec les meilleures métriques en matière de référencement peuvent se vendre cher.
Parmi les plateformes spécialisées pour la vente de nom de domaine .FR, il y a les français DomExpire et KifDom. A l’étranger, il existe les europeéens CatchTiger, DomainOrder ou Match.
En 2020, plusieurs enchères de noms de domaine expirés en .FR ont dépassé les montants des ventes traditionnels de Sedo.
netpublic.fr s’est ainsi vendu plus de 30 000 euros. L’enchère de mercato.fr a dépassé les 20 000 euros.
Enfin, de très nombreuses ventes de noms de domaine ont eu lieu à des prix raisonnables. Par exemple, les noms de domaine expirés decideur.fr (3 600 €), dr.fr (3 700 €), masculin.fr (1 580 €), money.fr (4 620 €) ou moteur.fr (2 500 €) ont été vendus aux enchères.
L’achat vente de nom de domaine : un indicateur de performance d’une extension internet ?
En guise de conclusion, les montants investis dans l’acquisition de noms de domaine en .FR sont un signe de bonne santé de l’extension .FR.
L’achat et vente de nom de domaine .FR fait partie du marché des noms de domaine et nul ne peut ignorer son existence.
Acquérir un nom de domaine déjà pris est possible. Si il est listé à la vente, une négociation au juste prix permettra de le racheter.