Bientôt des noms de domaine .AVOCAT ? A l’occasion des élections des membres du Conseil de l’Ordre, deux candidats proposent de créer une extension internet dédiée aux avocats. Ainsi, un avocat disposerait d’un nom de domaine en .AVOCAT pour son site internet et / ou son mail.
Sylvie BOURDENS et Nicolas WEISSENBACHER soumettent leurs candidatures autour d’un projet : la souveraineté numérique. Selon eux, « à l’heure où le justiciable choisit beaucoup son conseil sur les moteurs de recherche sur Internet et/ou les plateformes numériques, il est indispensable que nous nous emparions de notre souveraineté numérique ».
Pour cela, ils invitent leurs instances représentatives à solliciter la création d’une extension internet (ex : .COM ou .FR) en .AVOCAT. A cet égard, ils les encouragent à obtenir la délégation de ce .AVOCAT auprès de l’ICANN.
Les deux avocats bordelais imaginent déjà le site de leur ordre accessible à l’adresse bordeaux.avocat, ou encore le site d’un confrère Tartempion accessible à l’adresse tartempion.avocat.
Des noms de domaine .AVOCAT respectant la déontologie
Pour l’internaute, un nom de domaine en .AVOCAT apporterait la certitude d’avoir affaire à des avocats et à leur déontologie.
Même lorsque le justiciable s’adresse à un service en ligne, cela serait sur un site accessible en .AVOCAT. Partout ailleurs, il pourra avoir affaire à n’importe qui, à commencer malheureusement par des braconniers du droit.
D’après eux, le .AVOCAT est en premier lieu un moyen d’identification garantie des avocats et de leurs services sur Internet. En second lieu, c’est un outil de et de lutte efficace contre les braconniers du droit.
Le .AVOCAT serait le garant de la déontologie de la profession. A ce titre, les noms de domaine en .AVOCAT seraient réservés aux avocats selon une « charte de nommage » calquée sur le règlement Intérieur National (RIN) de la profession d’avocat.
Conditions d’obtention des noms de domaine en .AVOCAT
Dans leur profession de foi, Sylvie BOURDENS et Nicolas WEISSENBACHER proposent déjà des règles de réservation pour un nom de domaine en .AVOCAT.
Ainsi, (i) le réservataire (qu’il s’agisse d’une personne physique ou d’une personne morale) devrait être inscrit au grand tableau ;
(ii) le domaine de second niveau du nom de domaine réservé ne pourrait que comporter le nom de l’avocat ou la dénomination du cabinet en totalité ou en abrégé (cf article 10.5 alinéa 2 du RIN).
Par ailleurs, certains noms de domaine seraient bloqués. Le registre bloquerait certains noms de domaine en .AVOCAT comme ceux présentant un domaine de second niveau évoquant de façon générique le titre d’avocat ou un titre pouvant prêter à confusion, un domaine du droit, une activité relevant de celles de l’avocat ou encore un lieu géographique (cf article 10.5 alinéa 3 du RIN).
Enfin, des noms de domaine seraient réservés. Par exemple, les domaines de second niveau correspondant à des villes comme <paris.avocat>, <bordeaux.avocat>, <lyon.avocat> seraient réservés aux Ordres des Barreaux de villes visées.
Le .AVOCAT, une nouvelle extension internet française ?
A l’heure actuelle, il existe 1 500 extensions internet dans le monde. Un peu moins de 1 200 ont été créés à partir de 2013. Cela a été rendu possible grâce un round ouvert par l’ICANN, autorité de régulation d’Internet.
Des collectivités françaises ont profité de cette opportunité pour créer leurs extensions comme le .ALSACE, le .BZH breton, le .CORSICA corse ou le .PARIS. Des marques comme Leclerc ou la SNCF communiquent désormais directement avec leurs .MARQUES.
Enfin d’autres extensions génériques ont alors vu le jour comme les .APP, .CLUB ou .SHOP. A côté de ces termes descriptifs, il y a déjà eu des « NewgTLDs » juridiques créés lors de ce premier round. Lors de la précédente décennie, les .ABOGADO, .ATTORNEY, .LAW, .LAWYER ou .LEGAL ont vu le jour.
Les opportunités offertes par les noms de domaine .AVOCAT
A ce jour, il existe 70 000 avocats français. Ils représentent les utilisateurs naturels de futurs noms de domaine en .AVOCAT pour leur site web et leur mail.
Par ailleurs, il existe d’après les outils de SOLIDNAMES, également impliqué dans ce projet de .AVOCAT, déjà plus de 85 000 noms de domaine reprenant *avocat*.
De toute évidence, la France dispose aussi d’un écosystème expérimenté pour créer un « NewgTLD ». A ce titre, l’AFNIC est reconnu comme un opérateur de registre de premier plan.
L’utilisation de nom de domaine en .AVOCAT n’est néanmoins pas pour tout de suite. Créer une nouvelle extension internet est un long processus. De plus, les candidats doivent attendre que l’ICANN ouvre un second round pour les candidats. Les experts estiment qu’un calendrier prévisionnel en 2024 est possible, soit dans un peu plus de deux ans.
D’ici là, il y aura les élections des membres du Conseil de l’Ordre le 16 novembre 2021. Vous pouvez télécharger librement la profession de foi de Sylvie BOURDENS et Nicolas WEISSENBACHER à partir du lien ci-après : Profession de foi Sylvie BOURDENS – Nicolas WEISSENBACHER